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GemmeGobelins

Ça tambourine dans les profondeurs

mercredi 29 septembre 2004, par Cham von Schrapwitz

Vous vous promenez tranquillement dans une grotte de la [Terre de Fangh-10], en cueillant des champignons sauvages sous les stalactites ou en pillant d’anciennes tombes des Nains, et voilà que vous entendez monter des profondeurs la sinistre mélopée de tambours bourrins (ou tambourrins). Quelques instants plus tard, des couinements stridents innombrables vous entourent. Des Gobelins.

Tour de Blizdand, Troisième Jour de la Décade de Vontorz, Cité de Waldorg

Je suis surpris du nombre de Mages qui emploient des Gobelins sans trop savoir à quoi ils ont affaire, et qui les ramènent aussi vite au magasin, surpris de ce qu’ils salissent leur donjon, cassent leurs meubles et s’enfuient à la vue du premier aventurier en armure. Certains de mes collègues sont très naïfs. Suite au Laïus de l’Archiprêtre de Dlul, Penkahaus sur les Orques, j’aimerais préciser quelques points sur leurs « cousins » Gobelins.

Les Gobelins sont apparentés de manière plus ou moins directe aux Orques, et ils sont classés généralement dans le groupe des « peaux vertes », en rapport avec ce magnifique teint de salade fanée qui caractérise leur épiderme.

On pense qu’ils furent créés eux aussi par Khornettoh, lorsque ce dernier se saisit d’un Humain qui passait par là pour créer l’Orque [1] et en faire une bien bonne à Slanoush.

Comme vous le savez (ou pas), les Nains furent créés par un des servants de Slanoush, un demi-Dieu nommé Naboush. Pressé de contempler la création de son maître, il avait bricolé un petit truc chaotique dans son coin avec des épingles, de la colle, du mithril et des poils de balais brosse (pour la barbe). Ayant versé de la bière dans leurs narines pour leur donner vie, il créa les Nains, copies foireuses et grincheuses des Hommes [2].

Slanoush vit que cela n’était pas super bon... C’était même un peu minable. Mais le Dieu du Chaos était dans un bon jour, et décida se laisser vivre les Nains pour ne pas se mettre en retard à son orgie.

Khornettoh, dont la violence n’égale que les blagues pourries (il est l’inventeur du désopilant « boomerang explosif » et du tire-bouchon à viscères) décida de procéder avec ces créatures barbues comme avec l’Humain qui fit le premier Orc.

Le résultat (toujours aussi pourri) fut le premier Gobelin.

Petit, râblé, voûté, vert (on en connaît aussi des marrons, des gris et même des roses à pois mauves issus de mutations), le Gobelin est une créature aussi malveillante que l’Orque, mais dont la constitution ne lui permet pas de s’adonner à la baston avec autant de facilité.

La contrepartie est qu’il a hérité d’un peu de l’ingéniosité des Nains pour la mécanique. Bon, cela ne va pas très loin, mais c’est tout de même mieux que le premier Orque, créé à partir d’un barbare taré [3], et qui ne porte que des mocassins car il ne sait même pas nouer un lacet [4].

Les Gobelins et les Nains se vouent une haine éternelle. Autant les Nains sont courageux, ordonnés et ont mauvais caractère, autant les Gobelins sont lâches, désordonnés et ont mauvais caractère.

On peut employer les Gobelins pour pas cher, car ils aiment tout ce qui brille, depuis la pièce d’or jusqu’à la fourchette en inox, en passant par les capsules de bière. En outre, ils adorent torturer les créatures innocentes et faibles, et il est merveilleux de voir comment une bande de Gobelins s’occupe des heures durant avec un hamster ou un bébé Elfe.

Depuis des siècles, les Gobelins et les Nains se font la guerre sous terre. Personne ne s’intéresse à ces sanglants conflits, et c’est tant mieux. Et puis de toute façon, ils n’aiment pas ceux de la surface, alors...

Bien que les Gobelins, par nature, aient horreur de la lumière, quelques tribus vivent à la surface, et se sont habituées au soleil. On les trouve souvent dans les armées des Orques, asservis pour des taches subalternes.

Certains se louent à des Magiciens peu scrupuleux et peu soucieux de la propreté de leur donjon. C’est souvent la première main d’œuvre que l’on peut embaucher lorsqu’on s’installe à son compte comme Maître de Donjon : ils sont serviles et veules, car ils craignent la magie.

Malheureusement, ils ont tendance à déféquer partout, ne jamais faire leur lit et chaparder aux cuisines. Enfin ils sont parfaits pour chasser les aventuriers les moins doués, se faire massacrer dans la joie et patrouiller dans les souterrains fangeux.

Les Gobelins ont aussi hérité des Nains le goût immodéré de la boisson. Malheureusement pour eux, ils n’ont que rarement accès à de la bonne bière : les Nains ne partagent jamais, et les taverniers humains qui déjà ne servent pas toujours les Nains ne servent jamais les Gobelins.

Du coup, ils se bourrent la tronche avec des choses frelatées et macérées, et en particulier un curieux mélange de champignons hallucinogènes broyés dans de l’eau croupie. Les Gobelins ayant abusé de ce mélange deviennent incontrôlables, et se jettent dans tous les sens en hurlant, les armes à la main.

Au combat, les Gobelins n’ont pas grand-chose pour eux. Ils sont désorganisés, couards, portent des armes pourries et leurs chefs exacerbent toutes ces « qualités ».

En fait, ils n’ont qu’un grand avantage : Ils sont beaucoup [5] !
Quand on les embauche, il y a toujours une promotion du genre « pour dix Gobelins loués, trente Gobelins offerts », et les Nains, bien qu’excellents guerriers, sont toujours submergés par ces féroces petites créatures.
Les Gobelins aiment ce qui fait du bruit, et affectionnent les gros tambours et autres percussions. C’est facile à construire, facile à jouer (du moins pensent-ils naïvement) et cela leur donne confiance pour aller attaquer les nabots barbus porteurs de haches runiques acérées.

Les Gobelins s’organisent en tribus, un peu à la mode des clans des Nains. Prolifiques, ils passent autant de temps à se battre qu’à se reproduire. Toutes les races créées par Slanoush et ses minions (sauf les Elfes donc) sont obsédées d’une manière ou d’une autre (le doigt de Lafoune se fourre partout), ce qui explique leur vitalité démographique [6].

Les objets magiques produits par les Gobelins au court des siècles ne sont pas très remarquables. On peut citer « l’assiette sale de Kragz l’Immonde », « le vicieux canif +2 de Bladarax le Fourbe », « le cor cassé de Oragl le Chauve » ou encore « la planche à clous +3 d’Igiul le Gobelin Bleu ».
Les forgerons Gobelins sont plutôt des as de la récupération et du détournement d’usage. Leurs forges ressemblent à des décharges publiques, pleines d’armures cassées, de haches naines fendues, d’épées rouillées et de boucliers brisés. Avec ce bric à brac, ils équipent les troupes gobelines, et construisent d’effrayantes machines dont l’inefficacité n’a d’égale que la laideur.

Leurs chamans manient une magie puissante et désordonnée, ne sachant pas trop comment diriger les vents de la magie. On dit souvent qu’il existe des chamans Gobelins puissants, des chamans Gobelins âgés, mais pas de chaman Gobelin âgé ET puissant.
Une parenthèse d’ailleurs au sujet de leur age. Tout comme les Orques, personne n’est vraiment capable de dire jusqu’à quel âge peut vivre un Gobelin. Car franchement, il est très rare qu’ils meurent de mort naturelle.

Au total, je suis très mitigé sur l’emploi des Gobelins dans un donjon qu’on souhaite tenir propre, même s’ils sont peu couteux et faciles à nourrir [7]. Au pire, ils peuvent toujours servir (vivants ou non) à nourrir les Trolls de garde, qui eux au moins sont utiles face aux aventuriers (en principe).

Cham von Schrapwitz, Mage élémentaliste spécialiste de tout et de rien la plupart du temps


Notes :

Brouvouk (dialecte gobelin)

Pour les gobelins, tout ce qui n’est pas de leur famille est un brouvouk. En général, ça désigne plutôt les humains. Il s’agit par là de signifier que tout individu non gobelin est un potentiel danger, puisque le gobelin est par définition la créature pensante la plus faible. C’est un mot qu’on peut reconnaître assez facilement dans une conversation entre gobelins, à partir du moment où on dispose d’une perception assez bonne pour découper les syllabes s’échappant de leur frénétique verbiage. Quand on est gobelin on peut éventuellement utiliser ce mot comme une insulte, avec des expressions telles que « Va donc, hé, brouvouk », « T’as une tête de brouvouk, tu dois être malade », « Ta mère est une brouvouk » ou encore le classique « Sale brouvouk ».


Jeu de rôle : tous les opposants gobelins, avec leur gameplay et leurs caractéristiques, peuvent être joués et affrontés, ainsi que leurs machines de guerre - on les retrouve dans les documents du JDR ainsi que dans le Grand Bestiaire, en pages 200-206.


[1Voir l’article de PoC sur l’Orque

[2Toute ressemblance... Hein, bon.

[3L’Orque de Barbarie donc...

[4Assurez-vous d’avoir le niveau avant d’envoyer à un Orque une vanne à ce sujet

[5Plus que ça, même.

[6Les Nains ne sont pas nombreux, car les Naines sont rares. En effet, personne ne veut jamais jouer une Femme-Nain dans un JDR, ce qui explique leur extrême rareté mieux que n’importe quelle théorie foireuse.

[7Le Roi Sorcier d’Angmar rapporte d’ailleurs que les Gobelins ont un poil brillant lorsqu’ils écoutent des programmes radiophoniques débiles...