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GemmeFuhala

Dieu de l’Inspiration et de la Libre Pensée

jeudi 17 mars 2005, par Nak’hua Thorp

Comme les autres divinités druidiques, Fuhala n’est lié ni au Bien, ni au Mal, ni à l’Ordre, ni au Chaos. Fuhala se moque bien de tout ça. Lui, il fait son job de dieu. Et comme ledit job, qui encourage la nouveauté et l’esprit critique, le pose en porte-à-faux vis à vis de pas mal d’autres divinités, il vaut mieux ne pas trop lui coller aux poulaines. Il aurait vite fait de chier dans les vôtres.

Fuhala préside à l’inspiration, et même à l’expiration, puisqu’il souffle des idées en permanence, un peu dans toutes les directions, même si seules les personnes d’obédience druidique reconnaissent son influence et lui rendent hommage pour cela. Il est en quelque sorte le pendant spirituel de Bakhoul, le dieu du renouveau de la nature. Quand l’un fait pousser l’herbe et chanter les petits oiseaux, l’autre souffle dans les têtes un air frais qui s’engouffre sous la couette de la pensée frileuse. Attention, Fuhala donne des idées et non pas des rimes. Il y a d’autres divinités pour s’occuper de la poésie.

Son autre domaine de compétence, qui complète le précédent, est la libre pensée. En effet, rien de plus contraignant pour les idées neuves qu’un cadre moral figé, hostile à toute nouveauté. Fuhala prône donc la remise en question perpétuelle. Inutile de préciser que les dieux à dogmes sont ses ennemis. Lui s’en fiche, le concept d’ennemi mortel lui étant étranger, mais il a suffisamment d’instinct de conservation pour répliquer quand on le cherche. Ainsi, un jour où Jovijova, divinité d’une religion monothéiste aujourd’hui oubliée, voulut réprimer ses fidèles, il répliqua en lui arrachant ses attributs divins, les Jojos [1], et en les accrochant sur sa propre coiffe. Depuis, le culte de Jovijova a périclité, et dans sa grande sagesse, Fuhala porte les Jojos avec style.

Présent en terre de Fangh pratiquement depuis les premiers humains, il a très longtemps refusé de s’impliquer dans la guerre contre les dieux du Chaos. A ses fidèles implorants, il ne cessait de répéter qu’il était au dessus de ces considérations. Cependant, en murmurant à Gzor "Vas-y, mon ami, sors tes guitares-démons, c’est le moment", il a permis de mettre à jour la traîtrise du général chaotique infiltré, faisant prendre à la guerre un tournant radical.

Enfin, ça, c’est ce que racontent les druides. Si ça se trouve, Gzor a pris tout seul cette initiative désastreuse pour son camp. Au vu des conneries qu’il a faites par la suite, il en serait bien capable.

Depuis, le culte de Fuhala reste bien présent chez les druides, même si son collège de clercs est peu nombreux. En effet, quand certains dieux druidiques demandent simplement à leurs fidèles de se laisser pousser la barbe et d’être copains avec les oiseaux, servir Fuhala implique un renoncement total aux choses matérielles. Le Fuhaliste peut avoir des possessions, mais il ne doit en aucun cas s’y attacher, le principe étant qu’on peut lui prendre sa couronne de fleurs, son bâton eud’pouvoir [2] et même son herbier, mais qu’on n’aura pas sa liberté de penser. Les brigands le savent et en profitent, laissant les druides à poil plus souvent qu’à leur tour.

Alors, pour la plupart des druides, vénérer Fuhala, c’est lui rendre grâce une fois de temps en temps sur un coin d’autel. Pâques Monpaire, le célèbre instructeur en cultes de la Nature, a relaté dans ses Chroniques Druiddick [3] une cérémonie standard à l’usage de tous les non-Fuhalistes.

Tout d’abord, le druide s’annonce.
"Fuhala, Fuhala, j’arrive !"
Puis il souffle sur l’autel, pour symboliser le vent d’idées fraîches.
"Donne-nous aujourd’hui notre idée de ce jour, et pardonne-nous notre étroitesse d’esprit..."
Dans le livre, c’est à ce moment précis que le druide se fait tataner par le héros, aussi n’en saurons-nous pas plus sur le déroulement de cet hommage à Fuhala.

Dans le calendrier lunaire, la septième lune de l’année a été baptisée Fuhalië. Le choix n’est pas anodin : c’est la lune du solstice d’été, dite "des jours sans fin". La durée d’ensoleillement symbolise les lumières apportées par Fuhala dans l’esprit des druides, et des gens en général. D’ailleurs, les Fuhalistes ont tendance à vouloir concrétiser toutes les idées, mêmes débiles, qui leur viennent pendant cette période. Pour certains, c’est le travail de toute une vie. On les appelle alors "les Fuhalië" en signe de respect, tout en restant à distance, des fois qu’il leur vienne l’idée de poignarder les gens dans le dos.

On peut d’ailleurs remarquer que Cham von Schrapwitz est natif de Fuhalië.

Nak’hua Thorp


[1Il n’existe pas de description précise des Jojos. Tout ce qu’on sait, c’est qu’ils vont par deux et qu’ils sonnent dans le vide.

[2Rendons à ASP Explorer ce qui est à Grouïn des Tétynes, l’expression "bâton eud’pouvoir" ayant vu le jour sous la plume de cet écrivain émérite.

[3Une fiction musclée mettant en scène un druide malvoyant affublé de lunettes noires.