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GemmeAdathie

Déesse de la Justice et des Merguez

vendredi 7 mai 2010, par Cham von Schrapwitz, Nak’hua Thorp, Siegmund Krönfeld

L’origine d’Adathie se perd dans la nuit des âges. Plusieurs mythes fondateurs cohabitent et se contredisent : certains affirment qu’elle fut autrefois une reine humaine tandis que d’autres font d’elle une déesse primordiale née de la fumée du barbecue originel. On peut supposer que tout le monde a un peu raison, et aussi un peu tort. Et puis, est-ce si important ?

Adathie est une figure ambiguë, une reine couronnée d’or mais aux pieds nus, hospitalière mais sévère, aveugle [1] mais assez clairvoyante pour tirer les merguez du feu sans jamais se brûler les doigts. Contrairement aux dieux qui arpentent les terres des hommes sous forme plus ou moins éthérée, elle est réputée ne jamais quitter son palais, situé dans une dimension indéterminée des plans dits "célestes". Néanmoins, elle a toujours une oreille tendue vers les plaintes des mortels.

Lorsqu’elle intervient en terre de Fangh, ce n’est jamais en personne puisqu’elle ne peut pas se déplacer. Elle envoie donc des signes plus ou moins clairs pour régler les disputes.

Le palais céleste d’Adathie ne désemplit jamais.
Le matin, la déesse-reine rend la justice. Le soir, elle préside au barbecue divin. De l’un à l’autre et inversement, elle n’est jamais seule.
Quel que soit le nombre de dieux qui s’invitent à dîner, il y a toujours assez de merguez pour tout le monde. Adathie veillera à ce que toutes soient parfaitement grillées [2].

Le Jugement d’Adathie

La légende du Jugement d’Adathie raconte qu’autrefois, dans une bourgade dont le nom s’est perdu, deux bergers se disputaient une brebis. Chacun prétendait que la bête était la sienne et la dispute menaçait de s’envenimer sur au moins cinq ou six générations. Leurs épouses, qui n’avaient pas envie de passer le reste de leur existence à panser des plaies et repriser des tuniques déchirées, les traînèrent donc devant le prêtre d’Adathie.
Celui-ci étudia longuement le problème, s’enquit des détails, du fait que la brebis dormait chez l’un mais mangeait chez l’autre, et au bout de plusieurs lunaisons, n’avait pas rendu son jugement.
Alors que les bergers s’impatientaient, une boule de feu tomba du ciel et grilla à point la pauvre bête. Une note accompagnait le prodige divin :

"Attendu que les parties en présence font bien du foin pour pas grand-chose,
Attendu que cette histoire a duré par trop longtemps et commence à m’ennuyer,
La déesse juge que vous n’avez qu’à partager le méchoui et que si vous n’êtes pas contents, ce sera vos têtes qu’elle grillera."

Les Rachis d’Adathie

La légende des Rachis d’Adathie veut qu’avant sa mort [3], elle dicta sept aphorismes à sa suivante Droissiville, et qu’elle demanda qu’ils fussent gravés après sa mort sur son squelette après la crémation rituelle. Droissiville accepta, tout en ne croyant pas que quoi que ce fût pût résister aux flammes de la crémation.

Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir, après les trois jours que se consuma le bûcher, sept vertèbres, dénudées et blanches comme si elles sortaient du court-bouillon. Obéissant alors, elle fit graver sur les sept os les sept phrases dictées par la reine. Puis elle les fit envoyer à sept juges de la terre de Fangh, comme Adathie le lui avait prescrit. Une fois cette mission accomplie, elle s’écria d’une voix forte : "Ainsi sont répartis les rachis d’Adathie ! Lorsqu’enfin sera venue l’heure où ils seront réunis, la Reine apparaîtra, et les Justes goûteront au barbecue, où rôtiront les méchants". Puis elle rendit l’âme.

Sur les sept messagers, seuls cinq atteignirent le juge à qui ils devaient porter le message, ce qui n’est pas un mauvais total, vu la sûreté des routes de l’époque. Les avanies du temps firent que quatre de ces cinq reliques disparurent. Le dernier Rachis d’Adathie [4] est conservé avec respect dans le temple du Grand Barbecue à Boulgourville. On peut cependant trouver des reproductions des six autres, plus ou moins fiables (il est aisé de deviner la fiabilité des Rachis VI et VII...). Certains fidèles d’Adathie portent d’ailleurs un collier formé des sept Rachis, gravés dans le bois, l’os ou l’or, suivant la richesse du porteur...

Clergé

Les prêtres d’Adathie portent une robe noire à épitoge ou à simarres, parfois agrémentée d’un manteau rouge lors des grandes cérémonies, et une fourchette à saucisses dont la taille indique leur rang. Ils se répartissent en "clergé debout" et "clergé assis", mais comme ils sont tous plus ou moins assis ou debout en même temps, la distinction n’est pas claire pour les profanes.

Leur devise est "Cela est juste et bon" le matin, et "Il y en a un peu plus, je vous le mets ?" le soir.


[1On la soupçonne de ne pas être réellement aveugle, mais comme elle a les yeux bandés en permanence, ça revient au même.

[2Cela est juste et bon.

[3Oui, cette légende fait partie de celles qui affirment qu’Adathie était une reine humaine

[4Celui sur lequel est gravée la recette secrète de la Sainte Béarnaise.