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Chronotroll
Les Guêtres du Vent
mercredi 3 novembre 2004, par
Les sorciers qui commandent des objets par palantir les font généralement livrer par Chronotroll. C’est le moyen le plus rapide et le plus sûr, de même que PayPalantir est un moyen simple et fiable de régler le montant de l’achat. Pourquoi ? Comment ? La réponse en quelques mots.
Vouloir devenir maître de Donjon, ou de tour de Magie, est un mauvais calcul quand on n’est pas soi-même versé dans l’Art. Debor Sakuti, un non-mage venu des terres d’Orient, au demeurant fort aimable, l’apprit à ses dépens. Il avait racheté sur les hauteurs de Waldorg une tour de magie salement lézardée, qu’il avait restaurée avec amour et beaucoup de pognon, et s’y était installé, pour voir la ville de haut. Mais un mage élémentaliste arriva en ville, et tout le monde changea de trottoir, tant il faisait peur à voir. L’homme menaça le propriétaire de détruire sa tour s’il ne la lui vendait pas à un prix dérisoire, et de fait, vira Debor.
Ayant viré Sakuti, le mage rendit à la tour de magie sa fonction d’origine, en y élaborant de nouveaux sorts et en se montrant assez asocial pour rappeler aux riverains le bon vieux temps où un archimage bougon leur balançait des sorts sur la tête quand il s’était pris les pieds dans la carpette [1]. Si vous allez à Waldorg, c’est la grande tour blanche avec des rosiers devant l’entrée. Je ne donnerai pas de noms.
Debor Sakuti, lui, se retrouva à la rue, avec un pécule somme toute assez maigre. C’est alors que la Chance lui sourit. Enfin, pas la Chance en personne, mais la petite vendeuse borgne de l’échoppe de magie (borgne aussi) de la rue Dékhon, qui l’aimait bien, et qui, le voyant tout déprimé, lui vendit à un prix sacrifié un lot de bottes de vitesse en grandes pointures [2].
Que faire de toutes ces bottes qu’il ne pouvait même pas porter ? Debor pensa d’abord s’en servir comme lest pour se jeter du haut d’un pont, mais c’est en arrivant sur ledit pont qu’il eut l’illumination. De l’autre côté du pont à travers Syé, un petit coursier [3] était en train de se faire tabasser par un brigand. Des coursiers plus costauds ne se feraient pas attaquer, songea-t-il, mais on ne les embauchait pas parce qu’ils étaient plus lents. Or, Debor avait les lacets de la solution enroulés autour du cou !
Je ne m’étendrai pas sur l’achat du local, trois rues plus loin, ni sur le placardage nocturne d’affiches annonçant qu’on cherchait des trolls pour un travail qui rapporterait beaucoup de rondelles de métal doré. Debor Sakuti recruta une quinzaine de trolls assez intelligents pour se rendre à une adresse donnée, mais pas assez pour filouter, fournit une paire de bottes à chacun, et leur confia des missions de livraison. Dans un premier temps, il ne travailla que sur Waldorg et les environs, mais bien vite, des mages d’autres villes firent appel à ses services.
Aujourd’hui, toute la façade du 1-3-5 de la rue des Rillettes est ornée d’une immense enseigne "Chronotroll, les Guêtres du Vent". A l’intérieur, une hôtesse d’accueil enregistre les demandes de livraison des habitants de Waldorg. Dans un petit bureau, deux autres employés prennent les commandes par palantir. Debor Sakuti récupère le tout, organise les tournées, et tient le casier à bottes, car chaque troll doit restituer ses bottes à la fin de sa mission. Chronotroll fait d’ailleurs une grande consommation de "scrolls of Air Freshening", pour la plus grande joie des mages du coin (dits "Wizards").
Il est question d’ouvrir une antenne de Chronotroll dans des villes comme Mliuej ou Glargh, mais pour l’instant, Debor Sakuti se heurte à un problème majeur : le nombre limité de paires de bottes de vitesse. Celles qui circulent actuellement sur le marché des objets magiques sont de pointure plus adaptée à un humain ou un elfe. Or, par principe, Chronotroll n’emploie que des coursiers trolls. L’expansion de l’entreprise est donc freinée, et on arrive parfois à des situations où la livraison prend du temps, parce qu’aucun coursier n’est disponible.
D’ailleurs, le problème ne sera pas résolu de sitôt, car la dernière commande de Zangdar est arrivée en retard, et qu’énervé, il a grillé le troll sur place. On attend maintenant un nouveau troll pour venir chercher la paire de bottes de son infortuné collègue. Espérons que mon irascible propriétaire saura se tenir, cette fois.
Nak’hua Thorp
[1] De laine. Ça brûle moins les genoux, et le reste.
[2] Voir l’article sur les bottes de Thlieu le Vorace
[3] Cours Syé ?