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GemmeBottes de Thlieu le Vorace

et leurs reproductions

mercredi 3 novembre 2004, par Nak’hua Thorp

Dans la région vallonnée où passe la route menant vers Gzor et les montagnes du Nord, on se souvient toujours de l’ogre Thlieu le Vorace. Quand un enfant se tient mal, un adulte fait du bruit sous la table, s’écrie "C’est Thlieu !", et le petit ne moufte plus. Pourtant, Thlieu le Vorace est mort depuis longtemps, et ses légendaires bottes ne se trouvent plus dans les collines.

On dit que les ogres sont plus sensibles qu’il n’y paraît, que leurs talents artistiques sont très largement sous-estimés, et qu’ils font de bons compagnons. Dans l’ensemble, ce n’est pas faux, l’ogre qui nous a refait les plafonds de l’Université était fort compétent, et chez les drows, il n’est pas rare de voir, main dans la main, des enfants heureux et des monstres gentils. Oui, c’est un paradis. Mais rien de tout cela ne peut s’appliquer à Thlieu le Vorace, ogre de sinistre mémoire qui terrorisa longtemps le pays de Gzor.

Nul ne sait comment Thlieu entra en possession de ses fameuses bottes. On sait juste qu’avant leur acquisition, c’était un ogre comme les autres, juste particulièrement friand de chair humaine (ou elfique, à l’occasion). Comme il était très massif, les habitants parvenaient en général à s’enfuir.
Et puis, du jour au lendemain, l’ogre eut aux pieds, en plus de divers cals et cors, une paire de bottes enchantées. D’après les analyses faites par la suite, un élémental de vent avait été sacrifié, et sa substance incorporée à leurs semelles. Le résultat était une paire de bottes pointure 56, qui permettait à son porteur de courir sans fatigue à une vitesse inimaginable [1].

Il va sans dire que le cri "C’est Thlieu !" était devenu synonyme de mort certaine.

L’ogre sévit dans la région pendant de nombreuses années, jusqu’au jour où un petit garçon qui s’était perdu dans sa forêt le surprit dans son sommeil et lui vola ses bottes. Le petit Pierre, puisque c’était son nom, fit preuve d’un courage incroyable. Là où ses aînés avaient toujours fui, il surmonta à la fois la peur de l’ogre et l’odeur qui émanait des bottes. Il les chaussa, les maintint fermement avec les mains (les bottes lui arrivaient à mi-cuisse), et s’en servit pour rentrer chez lui très vite.

Cette histoire eut trois conséquences :
- Thlieu le Vorace, à nouveau lourd et lent, fut obligé de se retrancher dans les montagnes de Nord, où, d’après mes renseignements, il ne tarda pas à mourir de froid. Cependant, les habitants des collines craignent toujours son retour.
- La famille du petit Pierre, qui était très pauvre, revendit très cher les bottes de Thlieu à un mage originaire de Waldorg, ne fut plus jamais dans le besoin, et n’envoya plus les enfants chercher du bois dans la forêt.
- Le petit Pierre lui-même, ayant goûté à l’ivresse de la grande vitesse, fut à jamais obsédé par la course à pied et le saut en longueur. "Plus vite, plus haut, plus loin" devint sa devise.

Ramenées à Waldorg à leur propre vitesse (inimaginable donc), les bottes de vent de Thlieu le Vorace furent analysées par un collège de mages à barbe. L’odeur des pieds de l’ogre en fut définitivement extraite, et la formule revendue à un fabricant de farces et attrapes qui, depuis, a fait fortune en vendant des boules puantes. L’élémental de vent, lui, ne pouvait plus être libéré. Il ne restait que son essence dans les bottes, son esprit était perdu à jamais. Mais les mages réussirent à transférer une partie de son pouvoir dans une autre paire de bottes. Puis une autre.

Ainsi furent réalisées cinquante paires de bottes de vitesse, moins puissantes que l’original, mais d’aspects et de pointures différents, ce qui est plus pratique quand on ne chausse pas du 56. On peut donc s’en procurer dans certaines échoppes de magie, le tout est de trouver sa pointure.

La paire originale est conservée dans un endroit tenu secret. Probablement même pas à Waldorg même. Mais de toute façon, même si elle reste unique par la vitesse qu’elle permet d’atteindre, compte tenu du nombre de copies, on ne peut plus parler d’artefact, et il n’y a guère que les collectionneurs forcenés et les pirates Mauves pour chercher à mettre la main dessus.

Nak’hua Thorp


[1Sur l’échelle des vitesses, c’est entre les graduations "vitesse incroyable" et "pas fou, non ?"