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Baptême de Dlul
Admission dans l’Eglise de l’Ennui
vendredi 4 février 2005, par
Mise en scène :
Un baptistère (une bassine pleine de bière, posée sur un pied avec une louche/calice pour la sainte binouze).
Des bâtonnets d’encens
Des couettes, des polochons et des oreillers pour décorer la pièce
Une croix du Chaos en bonne place
300 grammes de gruyère râpé
2 œufs
un morceau de lard
euh...
pardon j’allais donner la recette de la quiche Durandil...
Un desservant/enfant de cœur tenant un petit coussin.
Et bien sûr, un Prêtre de Dlul, accrédité par la Réunion Omniévangélique Nouvelle des Feignasses Libres (RONFL)
TEXTE :
P : Mes bien chères Feignasses, soyez les bienvenus dans la maison du désordre !
Nous sommes rassemblés ici aujourd’hui sous le regard hagard de Dlul en la chapelle de Notre Dlul de l’Infinie Paresse pour procéder en son nom au baptême Chaotique d’un nouvel adepte, qui rejoindra les rangs de l’armée des Feignasses de Dlul, pour sa plus grande gloire.
CHANT :
( AD MAJOREM DLULI GLORIAM !)
REPONSE :
(AU LIT !)
Que veuillent d’avancer les parents et leur enfant !
(action)
(maman) et (papa), confessez-vous en toute conscience être des feignasses de Dlul. Reconnaissez-vous votre soumission au grand sommeil qui seul peut vaincre l’ennui ?
(maman) : oui, je le confesse et je baille
(papa) : oui, je le confesse et je baille
P : (le prêtre baille aussi, sans mettre sa main devant sa bouche)
Par ce signe du bâillement non dissimulé se reconnaissent les Feignasses. Tel est le symbole de ralliement du culte, au plus fort de la mêlée dans les batailles de polochons.
CHANT :
(DLUL, APPORTE SUR LE MONDE LA VICTOIRE DU SOMMEIL !)
(REPONSE : AU LIT !)
P : Vous avez apporté cet enfant sans contrainte pour que Dlul l’accepte en son église. Vous confessez donc qu’il s’agit du fruit de votre amour dans le Chaos, et qu’à ce titre tout est possible et n’importe quoi risque d’arriver, quand bien même cette phrase ne servirait à rien :
(maman) : oui, je le confesse et je baille
(papa) : oui, je le confesse et je baille
CHANT :
(AGNUS DLULI QUI TOLIS ENNUYAM MUNDI, DONA NOBIS RONFLEM)
(REPONSE : AU LIT !)
P : Oui, Agneau de Dlul qui enlève l’ennui du monde, donne-nous le sommeil.
Que le Marrain et la Parraine de l’enfant s’avancent !
((parrain)et (marraine) s’avancent... )
(parrain)et (marraine), vous qui aurez la charge spirituelle d’aider (baptisé) sur le chemin du grand chaos par la pratique quotidienne du sommeil des Feignasses, confessez-vous en toute conscience être des Feignasses de Dlul ? Reconnaissez-vous votre soumission au grand sommeil qui seul peut vaincre l’ennui ?
(marraine) : oui, je le confesse et je baille
(parrain) : oui, je le confesse et je baille
(CHANT : DLULI DOMINUS NOSTRUM, BAILLA PRO NOBIS)
( REPONSE : AU LIT ! )
Oui mes enfants, Dlul baille pour nous du plus haut des cieux, et il se moque bien des fariboles humaines. Son infini pouvoir nous transcende chaque jour pour nous plonger dans la méditation de Dlul, mais même à ce moment là, Dlul n’a pour nous d’autres égards que celui du bâillement. En cela il diffère des autres Dieux qui veulent toujours intervenir dans nos vies en bien ou en mal.
Dlul n’est ni bon ni mauvais. Il dort, et le reste il s’en balance.
(CHANT : ON A SOMMEIL !)
( REPONSE : AU LIT ! )
Tous ici, vous allez avec moi renouveler notre allégeance à Dlul :
Notre Dlul qui es au lit
Toi dont le nom est oublié
Aide-nous à vaincre l’ennui
Avec la tête dans l’oreiller
Que ton sommeil arrive
Et que ta sieste soit faite
Dans le lit et le hamac
Car c’est à toi qu’appartiennent
Le règne de l’ennui
La puissance du bâillement
Et la gloire du sommeil
Pour les siècles des siècles
AU LIT !
P : (baptisé), rejeton improbable d’un amour plantigrade et chaotique, nous sommes réunis ici pour t’accueillir dans la communauté des baillants. Feignasse tu seras mon enfant, et honorer les commandements tu sauras, quand bien même des vieux prêtes te parleront avec des phrases pompeuses, comme Yoda.
Voici maintenant la lecture du Psaume du Baptême des Feignasses de Dlul, tel qu’il fut dicté au prophète Edouard Redon, le jour de la Chandleur, pendant l’Année du Grand Sommeil [1].
Si tu sais bailler sept fois et te coucher huit
Si tu sais être réveillé à 6 heures du matin
Et avoir la force de replonger jusqu’à midi,
Si tu peux être un ronfleur puissant
Et un dormeur concentré
Sans jamais réveiller tes voisins,
Si tu peu supporter les excitants
Sans jamais renoncer au sommeil,
Si tu peux supporter d’entendre tes bâillements
Travestis par des gueux pour exciter des sots
Si tu peux rester digne en dormant pendant les cours
Et si tu peux aimer tous tes amis en dormant,
Si tu sais être fatigué, si tu sais te coucher
Sans être contraint ni forcé par tisane
Si tu sais travailler avec intelligence
Sans jamais travailler durement
Et conserver le temps de l’ennui
Pour honorer Dlul de ton sommeil,
Si tu sais bailler sept fois
Et te coucher huit
Tu seras une feignasse, mon Fils... ((ça marche AUSSI avec ma fille))
(baptisé) : "Oui, je le confesse et je baille"
P : Cela est juste et bon, et furieusement destroy ! Sois le bienvenu dans l’Eglise de Dlul !
(L’ASSISTANCE : AU LIT ! )
P : Avant de procéder à la bénédiction du baptême, nous allons entendre la lecture du chapitre 16, verset 64 du Livre des Actes des Feignasses.
Le desservant : Levez-vous pour entendre la parole de Dlul !
P : Ah non ! On se couche pour entendre la parole de Dlul ! Hérétique ! Je te ferais torturer !
Le desservant : C’est un peu fatigant !
P : Oui bon... Et vous tous, restez assis ! Et toi plutôt que de faire le malin, si tu es gai, lis donc ! [2]
Actes des Feignasses, 16,64.
En la soixantième année du règne de Sbroz le Vieux, une grande armée de Feignasses affronta d’autres dieux du Chaos sur les pentes de la Montagne du Festin. Dlul ouvrit les cieux, et donna aux peuples avides de sommeil la bière.
La bière, fruit du ferment et du travail des autres, contient le houblon, la plante qui fait dormir et a bon goût.
Et Dlul dit "prenez et buvez-en tous, car ceci est ma binouze livrée pour vous et pour la multitude, en rémission de l’ennui et pour le grand sommeil. Vous ferez ceci en mémoire de moi, au lit !"
Et les Feignasses, tout à leur joie, firent grande orgie de bière. Nombreux ils tombèrent dans le sommeil dolent que la plante de Dlul donne aux égarés. Hélas, dans leur joie à honorer Dlul, nombreux aussi furent ceux qui abusèrent, et vomirent au lit le sacré breuvage.
Le courroux de Dlul fut terrible. Il maudit les Feignasses pécheurs en leur interdisant le sommeil pour l’éternité, ce qui est très long, surtout vers la fin.
En effet, Si Dlul accepte d’ordinaire n’importe quelle orgie dans un lit, il ne peut supporter que l’on y vomisse, car le sommeil est alors impur et souillé.
Il fit alors graver au fronton de ses temples et sur les bouteille de sa bière cette phrase
"Redde Dluli quae sunt Dlulis, et Lavabi Lavabo"
Rendez à Dlul ce qui est à lui (le sommeil) et au lavabo ce qui lui revient (le vômi).
Il vit que cela était juste et bon, et s’endormit d’un sommeil divin.
(CHANT : REDDE DLULI QUAE SUNT DLULIS, ET LAVABI LAVABO)
(AU LIT ! )
P : Nous allons procéder maintenant au baptême (du baptisé), pour qu’il soit comme nous une feignasse du Grand Sommeil de Dlul.
Le prêtre bois une louche de bière, et baille sur le front (du baptisé)
P : (baptisé), reçoit ce bâillement de Dlul et l’haleine houblonnée qui l’accompagne, pour que toujours Dlul veille sur toi en dormant, ce qui est vachement balaize. Ce baptême efface en toi l’éveil originel, pour t’aider à replonger dans le sommeil qui fut celui des premiers mois de ta vie.
(parrain) bois une louche de bière, et baille sur le front (du baptisé)
(parrain) : (baptisé), reçoit ce bâillement de Dlul et l’haleine houblonnée qui l’accompagne, et sache que je t’aiderai toujours à vaincre l’ennui par le sommeil, sauf quand je dormirai déjà du sommeil de Dlul.
(marraine) bois une louche de bière, et baille sur le front (du baptisé)
(marraine) : (baptisé), reçoit ce bâillement de Dlul et l’haleine houblonnée qui l’accompagne, et sache que je te conduirai sur les chemins de la torpeur et du ronflement, sauf quand je serai moi-même bénie dans les bras de Dlul.
(CHANT : ON EST BENITS)
(AU LIT ! )
P : Mes chers amis, vous allez pouvoir tous communier au saint brassin, afin que passe en vous la bière, transsubstantiation de Dlul qui apporte le sommeil aux hommes et aux femmes de ce monde.
Mais d’abord, chers parents, cher Marrain, chère Parraine, et toi (baptisé), acceptez le Sacrement du Polochon de Dlul, et qu’on en termine avec cette épuisante cérémonie.
(Coups de polochon dans la tronche)
(AU LIT !)
Epilogue :
Et Maudissons aussi Frank Herbert l’ennemi de Dlul pour que jamais le dormeur ne puisse se réveiller ! [3]