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GemmeKlameuzorg

Démon inférieur du troisième cercle (au fond à droite)

mardi 24 août 2010, par Cham von Schrapwitz

Comment naissent les monstres ? Souvent d’un simple malentendu. A une époque où n’importe quel soudard ayant appris à lire sur une boite de céréales prétend faire de la magie, voici une mise en garde contre l’apparition d’un nouveau danger...

L’été est souvent l’occasion de faire un peu de ménage dans la nombreuse correspondance reçue pendant l’année. Entre factures carbonisées et requêtes estudiantines incinérées, mon tri postal se résume en général à une simple boule de feu lancée dans la boite aux lettres.

Toutefois, une missive singulière a retenu mon attention. Il s’agit d’une longue description d’un être démoniaque qui serait apparu à plusieurs reprises dans certains quartiers urbains de la Terre de Fangh. Cette missive, envoyée par un de mes confrères démonistes dont je tairai le nom pour dissimuler son incompétence crasse, témoigne à la fois de la stupidité inhérente à cette école de magie mais aussi des limites de l’accumulation de savoirs théoriques sans la moindre once de déduction logique et de bon sens.

Aux sources du mal

Aux dires de cet éminent mage, l’apparition démoniaque en question semble sévir depuis quelques temps dans plusieurs quartiers urbains de la Terre de Fangh. Les témoignages des victimes la décrivent sous la forme d’un être hybride, de grande taille (de deux à six mètres selon les témoignages). Doté de tentacules proéminentes et préhensiles le monstre semble pourvu de plusieurs paires de cornes, d’un appendice en forme de trompe, d’un épiderme lisse et de couleur rose, de plusieurs paires d’yeux, d’immenses oreilles et de protubérances plus ou moins phalliques et à caractère sexuel ou associé.

Cette description pourrait faire penser à la cristallisation d’énergie chaotique démoniaque sous la forme d’un « enfant du Chaos ». La couleur rose et la présence de tentacules variables, sont indiscutablement associées à Slanoush, et on imagine déjà les océans de perversion et de sécrétions corporelles dans lesquels cette créature serait capable de noyer ses victimes.

L’affaire se complique

Toutefois, les effets notoires de cette apparition ne concordent absolument pas avec ceux traditionnellement associés au dieu du priapisme et de la tourlouzine gigoteuse. Il semble que les victimes du Klameuzorg aient été retrouvées en état d’agitation important, voire de coma profond. Les symptômes consécutifs à l’attaque du Klameuzorg vont de l’agitation anormale aux vomissements en série, en passant par des sueurs froides et une diarrhée pouvant prendre des formes verbales ou plus physiques. D’importants maux de tête ont été recensés, de même qu’un affaiblissement des capacités de coordination motrice, qui empêchent les infortunés de marcher droit, voire de tenir debout.

Ces symptômes psychologiques et ces altérations des capacités cognitives et motrices font immédiatement penser aux effets de bord de la magie chaotique de Tzinntch. Une lecture peu attentive pourrait même aboutir à la conjecture d’une présence de flagellateurs mentaux.

L’attaque du Klameuzorg, si elle place certaines victimes dans un profond état de déprime, semble frapper d’autres d’une agressivité peu commune, qui les transforme en machines à tuer, frappant leur entourage sans discrimination, dans une ivresse de violence irraisonnée (munie d’un tabouret) qui est caractéristique de Khornettoh.

En outre, les victimes dégagent souvent une odeur épouvantable, mélange de fermentations, de déjections, de renvois biliaires et de sueur rance, associée aux machinations de Niourgl.

Le nom même de « Klameuzorg » semble être associé à la déclaration d’une des victimes de ce monstre abject, retrouvée dans une des rues louches de Glargh. L’infortuné, sauvé de peu d’une noyade dans son propre vomi, répétait sans cesse « Klameuzorg » au milieu de propos incompréhensibles.

Soyons sérieux !

C’est à ce stade que, dérouté dans ses analyses, mon estimé et néanmoins ignare collègue démoniste s’est tourné vers moi, en espérant que l’auguste puits de savoir et de prescience qu’est ma modeste personne connaîtrait les détails de ce monstre. C’est de son propre chef qu’il a prévenu les autorités urbaines de la présence du monstre, et il espérait empocher une récompense substantielle en le bannissant ou en l’asservissant pour ses funestes desseins.

J’ai donc réalisé un examen attentif de la liste des victimes, associé à un décryptage scientifique de ces apparitions. Il nous apprend plusieurs choses importantes :

-  98% victimes frappées par le Klameuzorg ont été retrouvées à moins de cent mètres d’une taverne ou d’un débit de boisson.

-  Plus de 40% des victimes ont été atteintes dans la cité de Mliuej, et 90% de ces 40% sont des Nains.

-  62% des victimes ont été retrouvées munies d’une bouteille, un cruchon ou un pichet portant des traces de liquide alcoolisé (bière, vin, cidre, hydromel, jus de capab ou liqueur de boulorne).

-  12% des victimes ont tenté un rapprochement sexuel unilatéral avec le statisticien, empêchant la production ultérieure de chiffres fiables.

Ce référentiel d’analyse me permet de l’affirmer sans crainte : le Klameuzorg n’existe pas, mon estimé confrère ne s’intéresse qu’aux pseudo-visions de poivrots ivres morts et qui racontent n’importe quoi pour justifier leur coma éthylique.

Affaire classée... Ou pas...

Compte tenu de la perversité des mages démonistes de la Terre de Fangh (mais aussi des maître de jeu des différentes tablées s’intéressant à des reconstitutions sous la forme de « jeu de rôle »), il est toujours possible qu’un tel monstre soit créé, et devienne une réalité pour la plus grande joie des fabricants de cercueils et le plus grand désespoir des aventuriers de tout poil en mal d’escapade brassicole ou de débauches éthyliques.

Moralité : dans une taverne, consommez avec modération, et ayez toujours une protection contre les démons du Chaos sur vous.

Cham von Schrapwitz, Smoke on the Water, Fire in the Sky.