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GemmeVaarb

Le dieu loyal-mauvais

lundi 16 novembre 2009, par Nak’hua Thorp

En vertu de la loi des contraires, si un principe existe, alors on doit trouver le principe opposé quelque part.
C’est ainsi qu’on trouve au fond du catalogue des divinités le dénommé Vaarb, dont la raison d’être semble se résumer à "s’opposer à Braav". Néanmoins, l’histoire ne s’arrête pas là et vaut bien un paragraphe ou deux, sans quoi le présent article n’aurait aucun intérêt.

Vaarb est un des rares dieux d’alignement mauvais de la Terre de Fangh. La plupart des divinités ne se préoccupent que de leurs propres intérêts et se fichent donc d’occasionner du bien ou du mal autour d’elles, tant qu’Yrfoul a le droit de puer ou Fuhala d’avoir des idées qu’on pourrait résumer par la formule "n’importe quoi très vite" [1], si bien qu’on approxime leurs alignements par "neutre, plus ou moins, enfin vous voyez". Au contraire de tous ces dieux, Vaarb recherche sciemment à répandre des trucs comme la Mort, la Pestilence, la Douleur, la Roue de la Fortune, la Peur et le Juste Prix.

Ceux qui suivent les cours de théologie au lieu de ronfler à côté du poêle savent que Braav était à l’origine un humain qui fut divinisé à la fin du Premier Âge.
Le principe des contraires laisserait penser que Vaarb était un dieu qui fut humanisé, mais non, ce serait trop simple.

Vaarb fut un des tout premiers Paladins de Braav. Attiré, comme tant d’autres le seraient après lui, par la longue liste de pouvoirs divins accordés par le dieu loyal-bon, il signa sans réfléchir, partit sauver la veuve et l’orphelin... et tomba au bout de trois jours sur deux guerriers maudits de niveau 6. À peine avait-il levé l’épée pour les affronter que son courage lui avait déjà coûté un œil. Vaarb décida alors qu’il tenait à l’autre, ainsi qu’à ses membres et au bon fonctionnement de ses organes internes, et fit ce qu’un Paladin de Braav ne doit faire en aucun cas [2] : il battit en retraite. Il pensait ainsi, à défaut de faire honneur à sa divinité tutélaire, sauver au moins sa peau.

Mais Braav n’est ni tolérant ni patient. Voyant son paladin courir à toutes jambes dans la mauvaise direction, le dieu ne s’accorda que quelques minutes de réflexion avant de faire tomber la foudre sur lui [3]. Vaarb reçut la décharge alors qu’il courait dans les bois. À cet instant, il était précisément en train de passer devant la cabane d’un ermite.
Manque de pot, l’ermite en question était l’ancien archimage Yadlajwa, qui s’était retiré du monde pour de sombres raisons impliquant une fille de ferme, un kilo de courgettes, deux cents pièces d’or et une tête de poulet [4].
Double manque de pot, l’éclair mit le feu à la forêt.
Triple manque de pot, Vaarb ne mourut pas immédiatement.

Yadlajwa sortit donc de sa cabane pour trouver des arbres en feu et un paladin agonisant sur le pas de sa porte, le tout sentant à plein nez l’intervention d’un jeune dieu pas très doué. Très énervé pour le coup, l’ermite invoqua un élémentaire d’eau pour éteindre l’incendie et recueillit le dernier souffle de Vaarb, bien décidé à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Divinité ou pas, personne n’avait le droit de troubler sa quiétude !

L’ancien archimage invoqua dans la nuit un puissant démon, dix-huit nymphes et un groseiller magique, ce qui, moyennant le bon réglage dans l’écartement de la clef à molette, fit de Vaarb un dieu.

Or, dans son agonie, le défunt avait eu le temps de renier tout l’idéal qu’il avait embrassé, et de haïr ce dieu qui l’avait envoyé au casse-pipe. Comme il était jeune et quelque peu sale gosse, en tant que dieu, il s’ingénia à être l’opposé de Braav. Braav aimait le blanc ? Il se vêtit de noir. Braav interdisait le mauve ? Il couvrit son oeil crevé d’un ruban violet. Braav imposait de sauver la veuve et l’orphelin ? Vaarb se mit à prôner le regroupement familial.

Une campagne de communication à base de crânes et autres symboles de bon goût lui permit bientôt d’avoir ses premiers paladins, auxquels il conféra les pouvoirs suivants :

  • Aura de protection contre les elfes sylvains, les gentilles grands-mères et les chatons.
  • Possibilité d’inspirer la Terreur (TM) une fois par jour.
  • Bonus de dégâts contre les clercs et paladins de divinités bonnes.
  • Soins par absorption de l’énergie vitale d’un autre [5].
  • Exemption de versement à la Caisse des Donjons pour tout pillage dans des zones non déclarées comme mauvaises.

    Les limitations qui vont avec, et qui ne sont communiquées au Paladin de Vaarb qu’après avoir signé, sont :

  • Interdiction de défendre les veuves et les orphelins, sauf si ceux-ci sont d’alignement mauvais.
  • Interdiction d’épargner un ennemi.
  • Interdiction de s’attacher durablement à quelque créature que ce soit, même si on a eu des rapports sexuels avec [6].
  • Photophobie (généralement contournée par le port d’un gros casque).
  • Obligation de poutrer illico tout Paladin de Braav qui entrerait dans votre champ de vision (malheureusement limité par le port du gros casque) [7].
  • Obligation d’obéir à tout clerc de divinité mauvaise (Vaarb inclus) ou de démon du Chaos dont le niveau est supérieur au vôtre.

    Vaarb n’impose rien par rapport au nombre d’ennemis, ce genre de règle lui a déjà bien assez pourri la vie. Mais les règles de son clergé rendent ses paladins beaucoup plus disciplinés et fiables que des guerriers maudits de niveau équivalent.

    Nak’hua Thorp


  • [1Fuhala, l’autre dieu officiel du Triumvirat de ZoC (avec Dlul).

    [2Petite parenthèse culturelle : face à deux adversaires, un Paladin de Braav n’a pas le droit de fuir le combat. C’est dans le règlement intérieur du clergé loyal-con.

    [3Paladins de Braav, maintenant que votre dieu a pris le coup, sachez-le : si vous faites la même chose de nos jours, c’est dans la seconde que vous serez foudroyés.

    [4J’ai renoncé à chercher. Pour votre santé mentale, faites comme moi.

    [5Dit "Vampire’s Touch".

    [6Les rapports sexuels sont en revanche vivement conseillés.

    [7D’où le terme d’Antipaladin parfois utilisé pour désigner les Paladins de Vaarb. Antipal, le pal à terre, c’est son affaire !