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GemmeCoccinelle berserk

Un tueur en robe à pois.

mercredi 12 juillet 2006, par Nak’hua Thorp

A voir voler les coccinelles sous le soleil du printemps, et à considérer qu’elles portent bonheur lorsqu’elles se posent sur nos mains, on a tendance à oublier que ces charmants coléoptères sont carnivores et puants. Deux caractéristiques assez bénignes à cette échelle, qui n’entament guère la popularité de la douzaine d’espèces de coccinelles "classiques" peuplant la terre de Fangh. Poussées à leur paroxysme, elles font cependant de la coccinelle berserk qui hante l’épaisse forêt au bord du Lac Aspousser un prédateur que fuyaient même les barbares Moriacs, à l’époque où ils avaient conquis la région [1].

D’après la légende, lorsque l’or du Tourderhin fut volé, Lilirhin fut la première des trois nymphes qui le gardaient à s’en rendre compte. Sous le coup de la colère et du désespoir, elle qui avait une voix si douce poussa un cri terrible qui, dit-on, résonna jusqu’à la forteresse de Gzor. Trois coccinelles qui chassaient au bord du Tourderhin, un peu trop près de la nymphe, furent prises dans la tempête d’énergie divine. Assommées, elles tombèrent dans la besace de Lilirhin. Elles furent ainsi transportées jusqu’aux terres des elfes, sur les rives du Lac Aspousser. Et tandis que les filles du Tourderhin tentaient de justifier leur manque de vigilance auprès du fiina Total, les coccinelles reprirent leur vol en direction du cœur de la forêt. A ce stade, elles n’étaient déjà plus les mêmes. La colère de Lilirhin les avait marquées à jamais.

Coccinelle Berserk
Illus. Guillaume Albin

La mutation se poursuivit pendant encore plusieurs nuits. Des hurlements déchirants s’élevèrent dans la forêt, puis les choses semblèrent revenir à la normale. Il semble toutefois que les elfes du Lac Aspousser aient repéré très tôt les coccinelles berserks, et les aient soigneusement évitées jusqu’à la destruction du palais de Total et leur déménagement définitif vers des terres plus accueillantes. Si bien que les bestioles furent oubliées pendant des siècles, le temps de se reproduire tranquillement.

La coccinelle berserk ne fut réellement découverte qu’il y a un peu plus de deux cents ans, lorsque le célèbre naturaliste Bouffon lança une expédition dans la forêt à la recherche de cette créature dont les paysans des alentours semblaient avoir une peur panique. Au prix de vilaines blessures, Bouffon parvint à ramener deux spécimens vivants, un de chaque sexe. Tous deux furent bien évidemment étudiés sous toutes les coutures, puis naturalisés. A l’heure qu’il est, la femelle se trouve à l’Institut de Zoologie d’Alaykjdu, et le mâle dans le bureau du Maître Métamorphe de l’école de magie de Glargh. Officiellement, ce sont les seuls spécimens jamais capturés, mais officieusement, je crois savoir que certains maîtres de Donjons ont tenté de les élever. Ayons une pensée émue pour l’aventurier qui tomberait dans une pièce remplie de ces bestioles.

La robe de la coccinelle berserk est identique à celle de la coccinelle commune rouge à sept pois noirs dont elle est issue. On ne risque cependant pas de les confondre, car avec ses cinq centimètres de long, elle est six fois plus grande [2]. De plus, la coccinelle berserk est équipée d’une double paire de mandibules : une petite paire, au format classique, surmontée d’une grande paire (un bon centimètre) de véritables lames, plus tranchantes que de l’acier. Les secondes découpent des bouts de chair que les premières saisissent ensuite et portent à la bouche. Les pattes, au nombre règlementaire de six, sont équipées chacune d’une petite griffe qui peut également occasionner quelques bobos. Petite originalité par rapport à la coccinelle classique, les glandes situées sous le ventre sécrètent un liquide à la composition proche du suc gastrique. Non seulement ça pue, mais en plus, c’est très acide. La coccinelle berserk est également gorgée de magie brute, bien utile pour soulever 216 fois le poids de l’animal standard avec une voilure qui ne fait que 36 fois la surface d’origine. Ces particularités mises à part, on dirait une coccinelle en beaucoup plus gros.

A l’état larvaire, la coccinelle berserk ressemble à une chenille gris-bleu affublée de grosses mandibules (les mêmes que précédemment). Sa croissance extrêmement rapide nécessitant beaucoup d’énergie, elle est bien entendu carnivore et se nourrit essentiellement d’autres larves. L’adulte, lui, a tendance à chasser des petits mammifères. Et d’une façon générale, il est très agressif (sauf avec ses congénères), que l’on ait pénétré sur son territoire ou qu’il se soit égaré hors de celui-ci. En fait, la coccinelle berserk est très territoriale, mais incapable de reconnaître son propre territoire. Même à l’échelle 6, un cerveau d’insecte reste limité dans ses performances.

De mémoire de paysan, on a ainsi retrouvé, de loin en loin, des troupeaux entiers cruellement mordus dans leur pré par une coccinelle berserk qui se croyait encore dans sa forêt. D’où la crainte profonde que la bestiole inspire. Evidemment, pour une créature à l’échelle humaine, la morsure de la coccinelle berserk est très rarement fatale. Mais avec sa manie de verser une goutte d’acide dans chaque plaie, c’est extrêmement douloureux.

Si vous avez un Donjon et que vous voulez vous lancer dans l’élevage de ces coléoptères hors du commun, ne perdez pas de vue leur extrême stupidité. Si on leur a donné le nom de "coccinelles berserks", c’est bien que les bestioles attaquent littéralement tout ce qui bouge. Si elles sont incapables de reconnaître leur milieu naturel, elles ne vous reconnaîtront pas davantage. Même si vous les nourrissez avec amour, elles continueront de vous attaquer [3]. C’est déjà un miracle qu’elles se reconnaissent entre elles.
Encore que. J’ai ouï dire que parfois, elles se trompent et dévorent leur partenaire au lieu de le féconder [4].

Nak’hua Thorp,
qui ne regrette pas d’avoir opté pour l’aquariophilie

Jeu de rôle : cet opposant, avec son gameplay et ses caractéristiques, peut être joué et affronté - il se retrouve dans les documents du JDR ainsi que dans le Grand Bestiaire, en page 37.


[1A ne pas confondre avec la Région ; cela va sans dire, mais parfois mieux en le disant.

[2Et deux cent seize fois plus lourde... C’est mathématique.

[3C’est pourquoi je recommande de confier les soins des coccinelles berserks à un golem ou à un gobelin.

[4Dévorer son partenaire après l’acte de reproduction est chose commune dans le monde animal. Le dévorer avant est définitivement une mauvaise idée pour la survie de l’espèce.