Encyclopédie Naheulbeuk

Accueil > Théologie > Bénédiction d’une maison par Dlul

GemmeBénédiction d’une maison par Dlul

A l’usage de tous les Feignasses.

lundi 11 juillet 2005, par Nak’hua Thorp

Le lecteur averti reconnaîtra dans ce texte des éléments de liturgie dlulienne que l’on retrouve déjà dans d’autres articles de théologie Feignasse. Il est conseillé de personnaliser la cérémonie en fonction de l’officiant, de la maison et de ses habitants. Mais pas trop, car il ne faut point négliger le Grand Repos de Dlul !

Mes bien chers Feignasses, soyez les bienvenus dans la maison du désordre !

Nous sommes rassemblés ici aujourd’hui sous le regard hagard de Dlul, pour qu’Il le pose au moins une fois sur cette maison avant de se rendormir, et marque à jamais ses murs de Son saint bâillement.

CHANT : (AD MAJOREM DLULI GLORIAM !)

REPONSE : (AU LIT !)

Vous êtes venus aujourd’hui, comme autrefois vinrent en bâillant les tout premiers adeptes de Dlul, pour assister à une cérémonie qui hélas se perd dans notre époque troublée. Le monde moderne, qui néglige la foi autant que le sommeil, encourt plus que jamais la colère de Dlul, et la punition par l’éternel ennui !
Seuls ceux qui savent donner au lit la place qu’il mérite connaîtront le vrai repos.

CHANT : (DLUL, APPORTE SUR LE MONDE LA VICTOIRE DU SOMMEIL !)

(REPONSE : AU LIT !)

Dlul est le grand Seigneur qui gouverne la nuit, lorsque tout est d’un ennui mortel et que la télévision passe en boucle les épisodes de Derrick et le télé-achat [1] . De toute éternité, il préside à l’Ennui. Depuis l’aube de l’humanité, il règne sur le Bâillement et sur le Sommeil, qui seul peut efficacement mettre fin à l’Ennui. Et depuis l’invention du Lit, il veille sur tout ce qui peut s’y passer, le tout sans cesser de dormir, ce qui montre bien à quel point il est puissant.

Il y a bien longtemps, Dlul fabriqua dans les mines de la Grande Montagne du Chaos de puissants artefacts : le Polochon Infernal, le Bonnet de Nuit of Death, le Sommier de Dlul, la Couette de Dlul, les Charentaises Maudites, la Bannière du Bâillement Ultime, le Matelas de l’Apocalypse et d’autres encore.

Certains virent, à travers leurs yeux ensommeillés, la grandeur du message de Dlul. Ils avaient compris que contrairement aux autres divinités, Dlul étend Son pouvoir sur nous au moins un peu chaque jour, que ce soit par les tourments de l’ennui ou par le bienheureux sommeil. Ceux-là furent les fondateurs de l’ordre sacré des Feignasses.
Aujourd’hui, pour la Gloire de Dlul et quelle que soit notre religion habituelle, nous sommes tous des Feignasses.

(Le prêtre bâille, sans mettre sa main devant sa bouche) Par ce signe du bâillement non dissimulé se reconnaissent les Feignasses. Tel est le symbole de ralliement du culte, au plus fort de la mêlée dans les batailles de polochons.

CHANT : (ON A SOMMEIL !)

(REPONSE : AU LIT !)

Maintenant vous allez avec moi prêter allégeance à Dlul, ou renouveler votre allégeance à Dlul pour les Feignasses confirmés.

Notre Dlul qui es au lit
Toi dont le nom est oublié
Aide-nous à vaincre l’ennui
Avec la tête dans l’oreiller
Que ton sommeil arrive
Et que ta sieste soit faite
Dans le lit et le hamac
Car c’est à toi qu’appartiennent
Le règne de l’ennui
La puissance du bâillement
Et la gloire du sommeil
Pour les siècles des siècles
AU LIT !

Procédons à présent à la lecture du chapitre qui va bien des Actes des Feignasses. C’est un des plus anciens textes du Grand Livre de la Connaissance Interdite, et les Feignasses copistes n’ont jamais eu le courage de numéroter ces anciennes pages qui sont donc restées à l’état de feuilles volantes.
Enfin bref. On est chaotique ou on ne l’est pas.

Actes des Feignasses, chapitre inconnu.

Sous le règne du tyran Ftik aux Pieds Plats vivait le prophète Mahatt. Ce saint homme, aussi sage que paresseux, prêchait la parole de Dlul sur la grand-place de la bonne ville de Takayalé. Et chaque jour, l’écho de ses ronflements montait jusqu’aux cieux.
Or donc il advint que des Feignasses d’une ville voisine lui firent porter une missive, par laquelle ils lui demandaient de venir en leur temple les éclairer de sa sagesse.
Tout d’abord, Mahatt le sage se rendormit.
Puis il prit son polochon de voyage, emprunta à un voisin un âne pour porter ses bagages et victuailles, et entama son voyage.
Au bout de quelques heures de marche, Mahatt sentit sur lui le poids d’une grande lassitude.
Il décida donc de s’arrêter en chemin pour se reposer un peu.
Par la grâce de Dlul, il trouva sur le bord de la route une petite cabane délabrée. Les murs étaient de planches disjointes, des toiles d’araignée fleurissaient au plafond, et la pauvre paillasse crevée qui se trouvait dans un coin commençait à moisir.
Mais si grande était la fatigue de Mahatt que le sage Feignasse posa à même le sol son polochon de voyage et s’y coucha.
Lorsqu’il parvint au temple le lendemain, il raconta aux Feignasses ébahis qu’il fallait faire bâtir une chapelle à cet endroit béni de Dlul, où il avait connu le plus réparateur des repos en dépit de l’aspect repoussant des lieux.

Ce qu’il faut retenir de ce texte, c’est que peu importe le sommier, tant que l’esprit de Dlul est sur le Mahatt las.

CHANT : (DLUL, EN TON NOM NOUS ASSUMONS NOS CALEMBOURS POURRIS !)

(REPONSE : AU LIT !)

Dlul, nous sommes réunis aujourd’hui pour Te demander de poser sur cette maison Ton saint bâillement. Tous, nous pouvons certifier que ses habitants sont des Feignasses dont la ferveur n’a plus à être prouvée. [2]

Qu’à ceux qui vivent entre ces murs l’ennui soit épargné.
Que jamais le sommeil ne leur manque.
Que leurs songes soient bienheureux.
Qu’aux couples en mal d’enfant séjournant sous ce toit revienne la fertilité, tant il est vrai que Dlul règne sur le lit et sur toutes les activités qui y sont pratiquées.
Qu’au contraire, ceux qui ne veulent pas d’enfants n’aient point d’accidents prophylactiques.
Qu’il y ait toujours des draps propres dans le placard du haut.
Et aussi des bières au frais.
Enfin, qu’au bout du chemin, en quittant ce foyer chaotique, tous pensent que leur séjour fut bon, et vachement destroy.

CHANT : (BIENVENUE DANS LA MAISON DES FEIGNASSES !)

(REPONSE : AU LIT !)

Que Dlul bâille sur nous et nous entraîne dans Sa sainte torpeur !
Chers amis, chers Feignasses, avant de boire ensemble la Sainte Binouze, le bienheureux breuvage qui fait dormir à condition d’être passé aux toilettes avant, je vous invite à faire entrer l’Esprit Saint dans cette maison, par le Sacrement du Polochon de Dlul.

CHANT : (ON VA PICOLER !)

(REPONSE : AU LIT !)

(Il s’ensuit normalement une courte bataille de coussins, après quoi on picole, et on s’endort.)

Nak’hua Thorp


[1Si la cérémonie a lieu en présence de personnes qui ne connaissent pas du tout Dlul, il est conseillé de remplacer le paragraphe qui suit par la Genèse des Démons Majeurs telle qu’elle figure dans l’article sur Dlul.

[2A ce niveau, il est de bon ton d’ajouter une phrase ou deux pour louer la paresse des occupants...