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GemmeCochon Mutant

Une créature qu’elle est bien pour votre Donjon

jeudi 9 décembre 2004, par Nak’hua Thorp

On raconte que Khornettoh créa le cochon mutant à l’époque des grandes Guerres Chaotiques, pour accélérer le traitement des déchets dans sa forteresse. On imagine bien qu’avec toute une cour et toute une armée à nourrir, il devait y avoir en effet beaucoup trop d’épluchures pour espérer s’en débarrasser en les donnant à manger aux gobelins. Cette nécessité, couplée au caractère si particulier du Dieu Chaotique de la Guerre, explique les traits pricipaux du cochon mutant, une créature plutôt sympathique, même si certains pensent que ça aurait été beaucoup plus drôle si Slanoush s’en était mêlé.

Le cochon étant déjà à l’origine une création de Khornettoh [1], il n’y avait pas grand-chose à changer, juste quelques améliorations à prévoir. C’est pourquoi l’apparence du cochon mutant n’est pas très différente de celle de son cousin non muté.

Malgré tout, on ne risque pas de les confondre.

Bien qu’il ait le corps massif, les pattes fortes et le groin jovial, le cochon mutant sort tout de suite du lot, car il fait en moyenne un mètre cinquante au garrot, la taille d’un petit cheval. Avec la différence de morphologie, on peut compter qu’il pèse trois fois plus, soit environ une tonne et demie. Mais en fait, personne ne peut le certifier, faute d’avoir réussi à peser un cochon mutant. De toute façon, je n’ai jamais rencontré un propriétaire qui se souciait du poids de ses animaux.

Autre particularité, qu’on peut considérer comme la marque du Chaos : si le cochon normal peut avoir une peau qui va du rose au noir en passant par toutes les teintes de marron entre les deux, le cochon mutant est tout en nuances de rouge. Rouge clair, rouge pétard, rouge sang... Ainsi l’a voulu Khornettoh. Apparemment, le Dieu de la Guerre ne se contentait pas de faire manger des épluchures à ses créations. Il les envoyait parfois sur le champ de bataille, en tant que préposés à l’écrabouillage des blessés. Dans ces conditions, le rouge, c’est encore ce qui se fait de moins salissant.

Evidemment, si le cochon mutant n’avait été qu’un gros cochon rouge, l’espèce n’aurait probablement pas survécu jusqu’à nos jours. En reprenant la porcherie, au début du siège de la forteresse de Khornettoh, les troupes de la terre de Fangh auraient fait un gigantesque barbecue, une provision de salaisons pour vingt ans [2], et on n’en aurait plus jamais parlé. Mais les généraux Meuldor, qui se doutaient qu’ils mettraient du temps à faire tomber le Tangorodrigue, préférèrent garder les cochons, qui, à être chaotiques, n’en simplifiaient pas moins la gestion des déchets [3].
Ce qui nous amène à la caractéristique principale du cochon mutant.

Si votre Donjon ne dispose pas d’un tout-à-la-rivière, c’est la solution qu’il vous faut. La bestiole est capable d’ingérer toute matière organique, morte ou vivante, putréfiée ou pas. Dans sa mangeoire, le fémur le plus solide n’est guère qu’un morceau qui craque sous la dent. Le cochon mutant peut également se nourrir des déjections des autres, qu’il avale avec le même appétit que le lembas, pourtant connu pour mettre à mal les estomacs normalement constitués [4]. Il peut ingérer chaque jour jusqu’à la moitié de son poids, ce qui représente tout de même une belle quantité de déchets. Pensez juste à retirer les emballages, les cochons mutants digèrent très mal la ferraille.

Si votre Donjon produit peu de déchets, inutile de sacrifier des gobelins en compensation. Le cochon mutant est un animal très sobre, qui peut se passer de manger pendant plusieurs jours. Cependant, les amateurs de supplices amusants pourront toujours s’amuser à jeter des aventuriers dans la porcherie, pour peu qu’ils aient pensé à la construire en contrebas d’un pont ou d’une grille menant à la salle du trésor. Un cochon mutant affamé est un redoutable prédateur, surtout quand on n’a nulle part où s’enfuir. Ménagez-vous un bon point de vue pour profiter de la scène, et travaillez votre rire sardonique pour effrayer d’éventuels survivants.

Le seul problème qui peut réellement se poser, en termes d’entretien, c’est la gestion du lisier. Quand on n’a pas de tout-à-la-rivière, la solution la plus simple reste de s’en servir comme fertilisant pour les champs [5]. Sinon, le lisier séché peut aussi servir de combustible, à réserver aux trolls et aux gobelins à cause de l’odeur, ou de munition pour des armes de siège. La bombarde à lisier est au moins aussi amusante à utiliser que la catapulte à vache.

Evidemment, le cochon mutant ne fait pas partie de ces animaux mutants que vous pouvez équiper d’un casque et d’une lance pour patrouiller dans les couloirs, mais il reste un animal attachant, à la fois très utile et sociable... comme un cochon, en fait. Indispensable pour un Donjon à figure humaine. Ou plutôt porcine. Ce qui revient presque au même, les deux espèces étant plus proches qu’on ne le croit [6].

Nak’hua Thorp


[1Le cahier des charges prévoyait une créature très rustique et pas trop stupide, capable de suivre les armées au combat et de les nourrir en cas de disette. Slanoush, qui voulait se venger des facéties du Dieu de la Guerre, ajouta la queue en tire-bouchon. Khornettoh, furieux, eut alors cette phrase mémorable :
"Tu ne peux pas faire la queue comme tout le monde ?"

[2N’étaient-elles pas menées par Galahadrillette ?

[3Malgré tout, certains animaux s’enfuirent et retournèrent à l’état sauvage. Il semble qu’ils se soient croisés avec des sangliers pour donner une race nouvelle, le sanglier de guerre. Ayons une pensée pour les pauvres laies qui ont porté jusqu’à terme, et surtout mis au monde, des marcassins mutants surdimensionnés.

[4C’est peut-être la fin d’un mythe pour certains, mais si après deux ou trois bouchées de lembas, un humain standard n’avale plus rien jusqu’au lendemain, c’est parce qu’il a l’estomac à l’envers et pas pour autre chose.

[5A condition de trouver un cultivateur qui accepte de traiter avec vous. La plupart du temps, quand ils voient arriver un maître de Donjon, ils partent en courant, implorent à genoux, ou offrent leur fille en échange de la vie sauve. C’est assez frustrant.

[6Dans chaque porc, il y a un homme qui sommeille, à moins que ce ne soit le contraire.