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GemmeHippopogriffe

Une tonne de bonheur au-dessus de vos têtes.

jeudi 1er octobre 2009, par Runegui

Tous les aventuriers connaissent les hybrides monstrueux que sont les Griffons, les Manticores, les Chimères et les Hippogriffes. Toutes ces belles bébêtes créées par manipulation magique servent de montures aux plus grands héros depuis l’avènement du grand trilobique. Il y a pourtant dans la famille un cousin proche que personne n’enfourche jamais pour parader en tête d’une armée, et c’est de lui que je vais vous parler.

L’hippopogriffe est un monstre [1] lié directement aux Griffons et aux Hippogriffes ; comme eux, il résulte de la fusion d’un aigle et d’une autre créature naturelle, à savoir l’hippopotame, bestiole pas trop courante dans les terres de Fangh. Contrairement à ses cousins, l’hippopogriffe supporte très mal le froid et reste pour cette raison dans le Sud, au milieu des mouskitos buveurs de sang et des sangsues mutantes. On comprend qu’il puisse avoir mauvais caractère.


— Aspect Poétique —

Comme vous pouvez le deviner en jetant un coup d’oeil sur l’image ci-jointe, l’hippopogriffe n’est pas tout à fait aussi grâcieux que ses cousins en vol. Il reste tout de même une belle bête [2] de plus d’une tonne, avec une peau extrêmement flasque et difficile à percer et une copieuse couche de graisse, principalement au niveau de la ceinture abdominale. Mesurant parfois jusqu’à 4 mètres de long, ses charges sont réputées pour être mortelles et pas seulement à cause de son poids : de son côté aigle, il possède un bec acéré et deux terribles serres, ainsi qu’un appétit forcené pour la viande.

Ô terrible vision que celle de l’ombre massive d’un hippopogriffe se découpant sur le soleil, tandis que résonne le bruit flasque de ses deux ailes battant contre ses flancs grassouillets ! Un explorateur me disait un jour : "Tu vois, le bruit d’un hippopogriffe qui vole me rappelle curieusement celui des bisous de ma Tante Brainda : un grand FLOC humide, un SCHPLOP de succion et la perspective horrible que ça puisse recommencer dans la seconde qui suit."


— Habitudes joviales —

L’hippopogriffe est une créature qui a presque trouvé sa place dans l’écosystème naturel des régions où il habite. Très bon nageur, il hante les cours d’eau vaseux où il se nourrit de charognes, de gros poissons de vase et de crocodiles. Il est lui-même chassé pour sa viande par les dragons-tortues et les Crocorribles, les plus gros prédateurs de ces régions décicément pas très hospitalières. Il ne chasse pas les hippopotames, avec qui il a gardé la passionnante faculté de se reproduire [3], mais il ne les protège pas non plus : d’autres prédateurs peuvent donc se nourrir librement.

Le problème le plus évident de l’hippopogriffe provient de sa moitié aigle, qui lui impose l’amour des lieux inaccessibles, des nids de branchages et des espaces célestes, auxquels l’hippopogriffe n’est pas le plus adapté. Pour s’envoler, il a besoin d’un terrain dégagé sur 3 kilomètres, de beaucoup d’élan et d’un petit coup de pouce du vent. Une fois en l’air, il ne peut pas voler plus de trente minutes, ses articulations étant soumises à des pressions inimaginables. Comme très peu de terrains sont adaptés à de tels exercices, tous les hippopogriffes d’une même région les utilisent à tour de rôle, laissant de nombreuses marques facilement identifiables par les indigènes [4].

Les couples Hippopogriffes se marient pour la vie. La femelle pond de 1 à 4 oeufs verts à pois blancs tous les trois mois, mais la couvaison est rarement heureuse et il n’y a en moyenne que deux petits par ans. Cela provient apparemment d’une instabilité de la mutation à l’origine de l’Hippopogriffe : la nature de l’aigle cohabite mal avec celle de l’hippopotame. Ainsi, tous les mâles ont une tendance à se déplumer sur le dessus du crâne dès le stade juvénile, tendance qui va en s’accentuant avec l’âge. Les petits hippoglons [5]tètent les mamelles gorgées de bouillie lactée de leur mère durant deux mois, avant de passer à de la nourriture solide [6]. A six mois, ils peuvent voler seuls et chasser, et leur géniteur mâle leur montre la piste d’envol, les coins de chasse etc. Après un an maximum, les petits sont fichus dehors pour faire place à de nouveaux hippoglons.

Diantre, comme la nature est belle et bien faite.

— Brutalité et Volupté —

Il n’est pas conseillé d’engager le combat avec un Hippopogriffe ; nous avons déjà parlé de ses armes naturelles et de sa masse imposante. Il y a toutefois la légitime défense, qui justifie largement qu’on creuse le sujet à fond.

Les Hippopogriffes attaquent les intrus qui : 1)menacent leurs nids, 2)encombrent la piste d’envol ou d’atterrissage, 3)ont l’air délicieux. Si vous avez l’air délicieux, adoptez les coutumes locales [7]

En combat, l’hippopogriffe est mortel. Toutefois, sa masse l’empêche de virer facilement lorsqu’il est à pleine vitesse ; en cas de charge, un simple bond sur le côté peut vous tirer d’affaire. Si vous êtes engagé en corps-à-corps, les sorts de Tzintch visant à éviscérer, lacérer et couper les extrémités sont utiles. Le feu n’est pas à négliger non plus, si vous avez un bon magicien. Le froid, en revanche fait demi-dégâts sur la bête, mais a de grandes chances de lui causer une grave congestion pulmonaire dans les trois jours avec expectorations bruyantes et décès probable si l’exposition a été violente et/ou prolongée. Les poisons sont quasiment sans effets, sans parler des masses d’arme, qui font SCHPOUIC en tapant dans le gras. Les lances donnent parfois de bons résultats, lorsqu’on a une trentaine de javeliniers sous la main.

— Autres considérations élevées —

Les nids des jeunes hippopogriffes sont parfois garnis de verroteries brillantes, récoltées sur les explorateurs de passage, pour attirer les femelles. Après le mariage, l’hippopogriffe ne cherche plus à plaire et se débarrasse de tout trésor éventuel avec ses excréments, en les balançant du nid. Le compost est recueilli par les jardiniers locaux et permet de maintenir les terres riches et fertiles, même avec très peu d’eau. Autrement, l’hippopogriffe a très peu d’utilité pour la pratique magique, et sa graisse fait un excellent combustible à lampe, malgré la fumée âcre qu’elle dégage quand elle brûle dans un air froid.

Fiche technique de l’hippopogriffe, Bestiaire du Grand Sud, à retourner à la bibliothèque du Zoologium avant la fin de la prochaine décade.

Jeu de rôle : cet opposant, avec son gameplay et ses caractéristiques, peut être joué et affronté - il se retrouve dans le Grand Bestiaire, en page 250.


[1tu m’étonnes...

[2Un "gros-la-viande" comme disent les sauvages de ces contrées

[3Je dis passionnante par pur effet de style.

[4"Ca y en a être piste d’envol Bwana, très fréquenté : Hippo décoller toutes les demi-heure."

[5nom commun des bébés hippopogriffes dérivé du mot ’aiglon’ — mais vous le saviez sans doute, hein ?

[6Le temps que leur bec durcisse, autrement, imaginez la tête de leur mère pendant la tétée...

[7C’est à dire ne vous lavez jamais et peignez-vous des symboles repoussants avec de la graisse de wapiti faisandée. Vous ne serez plus du tout appétissant après ça.