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GemmeIngénierie Gobeline

Improbable, fourbe, bringuebalante mais innovante

jeudi 10 septembre 2009, par Cham von Schrapwitz

L’innovation surgit parfois là où on l’attend le moins. C’est sans doute un des effets de bord du Chaos. L’ingénierie des gobelins est un bon exemple. Ces sournoises créatures sont aussi incultes qu’innovantes, et leurs réalisations aussi approximatives que surprenantes. Même s’ils en sont souvent les premières victimes, leurs machines mécaniques apportent un peu de folie et de nouveauté dans un monde parfois tristement conformiste. C’est bien connu, comme dit le proverbe, « tout le monde savait que c’était impossible, mais un gobelin est arrivé qui l’ignorait et l’a fait quand même, et il est mort en le faisant ».

Les peuples dits « civilisés » sont souvent enclins, sur la Terre de Fangh au moins, à un conservatisme qui les pousse à répéter encore et encore les mêmes schémas culturels et techniques. Les Elfes construisent depuis des milliers d’années les mêmes navires, les mêmes brosses à poneys et les mêmes moules à lembas. Les nains creusent les mines avec les mêmes pioches, et édifient les mêmes palais démesurés par rapport à leur taille. Les Humains eux-mêmes, pourtant réputés pour leur inventivité, tendent à répéter les mêmes âneries politiques, couronnant et massacrant leurs rois au gré des coups d’état et des élections truquées. Quelles inventions humaines sont dignes de renom depuis 2000 ans, à part la trancheuse à jambon et la boite à meuh ?

Certains intellectuels rebelles voient dans la magie une des raisons de cette stagnation : la sorcellerie découragerait l’innovation en proposant des fonctionnalités bien supérieures à n’importe quelle innovation technologique. Pire, on accuse parfois les magiciens eux-mêmes d’acheter des brevets et de changer en pots de rillettes les inventeurs les plus innovants. Une telle accusation n’a bien entendu aucun fondement (ceux qui la profèrent tendent à se retrouver en cendres dans le compost de mon jardin).

En tous cas, une race au moins innove : les gobelins. Depuis quelques siècles, ils ont donné à la Terre de Fangh certaines de ses innovations les plus inattendues. Il y a deux points communs à toutes ces inventions : d’une part, toutes les commandes sont identifiées par différentes nuances de vert, la seule couleur que perçoivent les Gobelins. D’autre part, toute invention gobeline est mal construite, peu fiable, dangereuse d’emploi et susceptible de produire des effets insoupçonnés. Comme on pouvait s’y attendre, ces inventions sont toutes destinées à faire la guerre, de manière fourbe et déloyale, face à des adversaires plus forts, plus intelligents et plus agiles. En voici quelques unes parmi les plus remarquables :

Le Dirigeable

Voler a toujours été un vieux rêve pour la plupart des individus de basse extraction à l’intelligence limitée. Jusqu’à une époque récente, seuls quelques mages avaient l’honneur de pouvoir connaître le frisson des cieux, et contempler de près le vol de l’aigle sur les sommets. Et puis un jour, un gobelin voyant voleter quelques plumes au dessus d’un feu de camp eut l’idée de gonfler une outre en peau de chèvre avec de l’air chaud [1]... Quelques décennies et de nombreux morts de chute accidentelle plus tard, le dirigeable gobelin était né. Problématique d’emploi, coûteux à fabriquer et peu maniable, il permet néanmoins à ces viles créatures de harceler leurs adversaires au moyen de gros rochers et de pots de naphte enflammés. Hélas pour eux, les Nains ont rapidement construit de redoutables balistes dotées de flèches barbelées géantes. La course aux armements continue, et les Gobelins connaissent plus souvent le frisson de la chute que l’ivresse des sommets. On prétend qu’un Gobelin ayant survécu à une chute grâce à un pantalon d’Ogre aurait eu l’idée du parachute. A suivre...

Dirigeable gobelin dans le ciel de Fangh
Illustration : Guillaume Albin, éditions Le Grimoire

Le lance-roquettes

Les Nains savent depuis des lustres forger des canons. Ces lourdes bombardes de fonte sont alimentées par la poudre des alchimistes et tirent de beaux boulets fabriqués avec amour par les forgerons Nains. Utiles pour les sièges ou pour tuer les grosses créatures, les canons sont peu pratiques à déplacer, coûteux et délicats d’emploi.
Les Gobelins, envieux, comprirent rapidement qu’il fallait simplifier le concept. C’est en espionnant un vieux magicien sale qui tirait des feux d’artifice pour les enfants Hobbits qu’ils eurent l’idée du lance-roquettes : un simple tube de fer lance une grosse fusée terminée par une charge de poudre dont la mèche est enflammée lors du lancement. Comme la poudre des Gobelins est un mélange approximatif de champignons des mines, de salpêtre, de charbon et de soufre, c’est dangereux, mais bon marché et très destructeur. Plus d’un paladin s’est retrouvé éparpillé en mille morceaux d’avoir ri de cette invention machiavélique. Et puis lorsqu’un Gobelin est victime d’un incident de tir, on entend les gens crier sur le champ de bataille « oh ! La belle verte ! »...

L’Arachnotroll

Comme vous vous en doutez si vous avez un QI supérieur à celui d’un géranium en pot, les Gobelins n’ont pas inventé le nom de cette chose. Ce terrifiant engin de guerre a l’apparence d’une araignée géante de six mètres de haut. Il est mu par d’immenses pattes de bois articulées par des jeux de poulies, de chaînes et de rouages complexes. Doté d’arbalètes tirant des carreaux paralysants et de filets enduits de colle de toile d’araignée, il est très utile pour chasser l’Elfe en forêt. On pense que c’est l’association d’un nid d’araignées dans une horloge cassée lors d’un pillage qui donna à un Gobelin l’idée de cet immense engin propulsé par un jeune troll courant dans une cage ronde géante (comme pour un hamster, mais de trois mètres de haut). Un Hobbit mort sert d’appât pour contrôler la vitesse du troll. Dans la « tête » de l’araignée se tiennent deux Gobelins : l’un pilote l’engin et l’autre utilise les armes. La grande faiblesse de cet engin se situe dans ses jeux de poulies et de chaînes qui contrôlent les pattes : souvent, une branche ou une flèche d’Elfe vient rompre une des articulations, provoquant la chute de l’arachnopode et la mort des conducteurs (le plus souvent dévorés par le troll).

Arachnotroll, plan militaire
Illustration : Guillaume Albin, éditions Le Grimoire

Le cuirassé

Les Gobelins ont tenté depuis des générations de blinder leurs navires : en effet, ils ne sont doués ni pour la navigation ni pour la construction navale. Face aux redoutables galères à éperons des Nains et aux agiles caraques bourrées d’archers des Elfes, ils n’ont d’autre ressource que de protéger leurs navires avec de solides madriers de bois et des plaques de métal. Malheureusement, les navires ainsi alourdis chaviraient systématiquement dès que la hauteur des vagues dépassait la hauteur d’une coquille de bernard-l’hermite. Le vol des plans des machines à vapeur aux Nains qui les utilisaient pour assécher les mines profondes permit aux Gobelins d’équiper leurs navires cuirassés d’un moyen de propulsion sous la forme de grandes roues de moulin à eau placées de part et d’autre. Fort heureusement pour leurs adversaires, les navires cuirassés gobelins restent lents, peu manœuvrables et dangereux pour les Gobelins eux-mêmes : incapables de lire le mode d’emploi de 890 pages écrit par les Nains pour les moteurs à vapeur, les équipages de Gobelins ne survivent que rarement à leur première traversée. Souvent, ils explosent, d’avoir trop poussé leur chaudière pour attraper une proie rapide. N’empêche : une rencontre avec un cuirassé gobelin bardé de lance-roquettes peut s’avérer très dangereux par temps calme.

Mais aussi...

Nous aurions aussi pu citer le lance-machettes automatique, la tourlouzine à triples crochets à éviscérer, le vrombisseur lance-flammes à soufflet de cuir, le tank à cornemuse géante ou encore le crabe de combat à scies à disques. Autant de machines qui sèment l’effroi sur les champs de bataille, suscitent la révulsion des ingénieurs nains et provoquent l’hilarité chez les Gobelins qui contemplent leurs congénères périr dans des accidents mécaniques improbables.

Cham von Schrapwitz, qui dispose d’un aspirateur géant Gobelin, très pratique pour éliminer les tas de cendres...


Notes aditionnelles de POC

Toukoulabroum

Un trébuchet légendaire, dont on aurait retrouvé les morceaux carbonisés après la fameuse « bataille de Juienal ». Après interrogatoire d’une créature trouvée sur place, il aurait été fabriqué par l’ingénieur gobelin Bouvilax et pouvait lancer de grosses munitions deux fois plus loin que les autres armes de siège. Malheureusement il était difficile à régler, difficile à manœuvrer, nécessitait une équipe importante et son principal défaut fut toutefois d’avoir été construit avec des madriers d’un bois exotique, certes solide mais traité avec un produit extrêmement inflammable. Après enquête, les soldats des troupes alliées découvrirent que l’équipe chargée du maniement de l’engin y avait sans doute mis le feu en essayant de charger une grosse boule de munition étrange imbibée de liquide épais. Les secrets de fabrication de cet engin ont donc disparu avec lui.

Char à voile

Une grande spécialité des gobelins du froid, ceux qui vivent dans les contrées glacées. Ces chars à la stabilité précaire vont très vite et peuvent emporter jusqu’à 15 gobelins armés, pour attaquer les voyageurs et les chasseurs sur les lacs gelés. Tout va très bien tant qu’ils filent tout droit, mais c’est en général au niveau des manœuvres que les problèmes surviennent... Quand il faut tourner, faire demi-tour ou simplement s’arrêter.

Jeu de rôle : ces engins, avec leur gameplay et leurs caractéristiques, peuvent être joués et affrontés - on en retrouve dans les documents du JDR ainsi que dans le Grand Bestiaire, en page 202, 203 et 205.


[1les Gobelins cuisent les volailles sans les plumer ni les vider, ceci explique sans doute cela