Crôm

Essayons d’y voir plus clair dans cet océan de bourrinisme débauché et sans la moindre subtilité magique.

Tour de Blizdand, fête de la baston, jour de Crôm

Soupe Primitive aux Navets Cosmiques

De houleux débats entre érudits n’ont jamais permis de déterminer avec certitude si Crôm a été créé avant l’univers, en même temps, après, s’il a créé l’univers, ou s’il est juste de passage, comme ça, parce qu’il a vu de la lumière et entendu des chants bourrins. Comme toujours, les vieux érudits arthritiques à barbe blanche ne nous sont pas d’une grande utilité.

En outre, à la différence d’un certain nombre de Dieux gloseurs qui aiment parler d’eux quand on les convoque (genre Tzinntch), Crôm n’aime pas parler de lui. Pudeur barbare sans doute, ou alors limitation drastique du vocabulaire, peu importe : Toutes ces fariboles de cosmogonie et de théologie, Crôm s’en balance l’escarpolette avec une pelle à tarte. Oubliez donc ces racontars à propos d’une montagne au dessus de laquelle il siégerait dans les nuages pour juger les Hommes. Crôm n’est pas du genre à rester dans un pigeonnier brumeux pendant qu’il y a une bagarre à la taverne du coin.

On s’accorde à penser dans les milieux autorisés, barbares et associés, qu’il existe depuis toute éternité. Pendant des ères entières, il arpenta le sol de la Terre de Fangh sous la forme d’avatars variés et musculeux. Grognan le Syldérien, fut par exemple une de ses apparitions les plus populaires, de même que Groskador et Commençator [1].

Les barbares le vénèrent, mais aussi tous les guerriers en général (et les guerrières aussi). En fait, Crôm aimant par dessus tout la baston, le simple fait de se pourrir la tronche est déjà une messe rendue en Son Nom et pour la multitude (de coups de planche à clous dans la face).

Depuis le Deuxième Age, Crôm est devenu un dieu immanent, et non pas émanent. Un peu par hasard sans doute, il a du se tromper de porte en revenant d’une de ses incarnations sur la Terre de Fangh.
Je ne pense pas Crôm capable de comprendre le concept d’immanence, et à peine celui de porte. Le gros avantage est qu’il est la Terre de Fangh, il existe dans chaque barbare, dans chaque sbaffe distribuée avec véhémence, dans chaque hache, dans chaque épée, dans chaque batte à clou, dans chaque mâchoire brisée. Son pouvoir n’a de limite que celle de la Baston (TM). Crôm n’est pas omnipotent, il est multipotent, et c’est déja beaucoup, surtout pour un mot qu’il ne sait pas écrire.

Baston !

Depuis d’inqualifiables éons, Crôm est le Dieu tutélaire de la Baston (TM). Attention : il ne s’agit pas du Dieu de la Violence (TM), encore que la nuance soit parfois subtile : c’est bien connu que même certains bourrins savent être subtils.

La Baston (TM) repose sur une certaine égalité des forces. Crôm s’oppose ici fortement à Khornettoh, Dieu du Chaos de la Violence, du sang versé, des sacrifices à coup de couvercle de boite de conserve (rouillée) et de l’éviscération au piquet de tente.

Pour qu’une Baston (TM) trouve grâce aux yeux de Crôm, il faut qu’elle soit violente et sans merci, certes, mais aussi qu’elle soit bourrine, enragée et entre adversaires sensiblement égaux. Crôm intervient d’ailleurs souvent pour favoriser le camp le plus faible dans une bataille ou un duel. Pas forcement par souci d’équité. Non : Crôm aide les plus faibles pour que la Baston (TM) dure plus longtemps. Et puis d’ailleurs, c’est quoi, "équité" ?

La seule limitation connue qu’impose Crôm à la Baston (TM) est de ne pas écraser les coccinelles. Personne n’est certain de la raison précise de ce commandement, mais il semble que cela ait un rapport avec les myrtilles, et le concept de "méchoute".

Chrome-Vanadium et Heavy Metal (Vas pas là)

Crôm n’est pas un dieu barbare, mais c’est sans doute le dieu le plus populaire chez les barbares. En fait, si Crôm reste si présent sur la Terre de Fangh, c’est sans doute à cause d’eux. Depuis des millénaires, le dieu sauvage et bourrin s’est pris d’affection pour ces peuplades qui pratiquent le nomadisme combatif et les migrations pillageuses à travers nos riantes vallées.

Enfin ! Après des éons d’errance dans le Cosmos, il a trouvé des gens qui le comprennent ! Des gens qui aiment combattre, boire, chanter faux et fort, taper sur des instruments variés et repartir à l’assaut en marchant dans les entrailles.

Comme il fallait bien qu’il trouve quelque chose pour attirer l’attention de ces rudes barbares qui lui plaisaient tant, Crôm, après s’être incarné sous la forme d’un avatar quelconque mais bourrin, leur parla du secret de l’acier, qui seul permet d’accéder au Valhalla.

Depuis lors, des générations et des générations de chefs barbares ont mené des quêtes impliquant des hordes de tribus déchaînées à travers des continents ravagés, des rivières de sang, des océans de tripes et des montagnes de dents cassées pour tenter de trouver la réponse à cette angoissante question : "quel est le secret de l’acier" ?

Bien peu y parvinrent. Nombreux furent ceux qui, arrivant devant Crôm avec leur tête sous le bras et leurs jambes dans les narines, ne surent quoi répondre à la question qui leur avait valu une mort si violente.

Bien peu du reste comprennent le bienfait subtil et la bénédiction merveilleuse de Crôm pour son peuple : en leur donnant une quête à la noix et des questions sans réponse, Crôm s’assure que pour l’éternité les barbares parcourront le monde en distribuant des coups d’épée et des mandales.

Cela dit, si vous croisez un jour au bord d’une route un barbare hagard, le pagne de travers, l’épée cassée, le visage défait, le poitrail couvert de cicatrices, et qui hurle au ciel « Valhalla, délivrance ! Pourquoi m’as-tu oublié ? » Faites quelque chose pour lui : dîtes lui qu’il est en train de prier vers les Quatre Vents, et que c’est un peu la Loose (TM aussi).

Assurez-vous auparavant de pouvoir lancer une boule de feu, et si vous connaissez le secret de l’acier, ce n’est que mieux.

Le secret du Heavy Metal

Bien entendu, en tant qu’archimache multipotent, je connais le secret de l’acier, Le Secret de l’Acier. [2].

Et je vais même, en exclusivité, vous le communiquer.

Si, si, pas d’entourloupe, gratuit, facile, pas cher, pour toute la famille, LE secret de l’acier. Point de vile métallurgie naine qui me conduirait à vous faire croire que le secret de l’acier repose sur du carbone et du fer, et une structure cristalline particulière pour le métal en question. Non !

Pas de faribole et de circonvolution comme Thôlsadûm, qui prétendait que la chair était plus forte [3]

Le vrai secret de l’acier, celui qui ouvre les portes du Valhalla de Crôm, endroit enchanteur où pour l’éternité on peut combattre, boire, chanter faux et fort, taper sur des instruments variés et repartir à l’assaut en marchant dans les entrailles, le voici, il est très simple :

la force et l’acier et la force de la chair proviennent de la croyance que l’on place en eux

Vous comprendrez facilement que je n’encours ici aucune foudre de Crôm car 1) les barbares ne savent pas lire, 2) ils seraient bien incapables de comprendre cette phrase, 3) Crôm non plus ne sait pas lire, c’est pour les femmes d’après lui. 4) Crôm ne sait pas non plus compter jusqu’à 4.

Crôm met la main au Culte

Crôm est vénéré par de nombreux chamans barbares. Les Crôm-Lech, cercles de grosses pierres disposés ça et là dans la Terre de Fangh, étaient des arènes primitives dans lesquelles on se battait pour le vénérer toute la journée. Le plus célèbre Crom-Lech de la Terre de Fangh a d’ailleurs servi de fondation à la cité de Glargh.

Pour autant, Crôm [4] ne fait pas grand cas des « clergés » qui prêchent en son nom. Pour lui, l’important c’est la Baston (TM). L’invoquer comme cri de guerre avant un combat est très utile, car on attire facilement son attention. Là réside un des grands succès de cette religion populaire. Pas de prière compliquée à apprendre, pas de commandements subtils sur la conduite morale, pas de liturgie ostentatoire et alambiquée : il suffit de crier "Crôm" et de partir à la Baston (TM).

Bien entendu, cela ne garanti pas que vous ne serez pas fauché dans votre élan [5] par une bonne boule de feu.

Cham von Schrapwitz, Capitaine Flamme